16 sept. 2010

Le scooter

1963. Avec mon argent de poche, je réussis à amasser assez d'argent pour m'acheter un scooter. Usagé. 150 $. C'est un Lambretta 1958. Il est en état de marche. Mais il a besoin de soins. De la peinture, un peu de débosselage, un peu de mécanique et un nouveau silencieux.

Par chance, il y a près de chez moi un réparateur italien qui s'y connait et qui ne charge pas cher. Il trouve le grave problème qui m'avait été caché: il manque une goupille sur le volant du moteur; il ne tombera plus. 2 $. Le gars qui me l'a vendu s'en mord les pouces.

Je lis le manuel et j'ajuste la quantité d'huile. Le moteur se met à rouler mieux et sans fumée. C'est le dernier modèle à 3 vitesses. Mes amis ont tous des 4 vitesses. Mais l'accélération est bonne et ma vitesse de pointe est aussi bonne, sinon meilleure, 70 milles à l'heure ( 105 km/hre ), assez vite sur ces petites roues.

Je l'ai eu deux années. Et à la fin de chaque saison, j'ai eu un petit accident. Quilicot, rue St-Denis,  me voyait revenir et réparait la bête. Pas trop cher.

En revenant de Sorel en peline nuit, panne d'essence à Verchères. Aucune station d'essence ouverte. Mais avec un scooter, une station fermée peut dépanner. On prend toute l'essence restée dans les boyaux de la pompe et on se rend au prochain village, jusqu'à ce qu'on trouve une station ouverte.

Mon plus bel accident est digne d'un film. Je reviens d'une soirée de musique et je raccompagne mon pianiste qui tient une petite valise avec toutes les partitions. on est sur le boulevard St-Joseph. Les feux de circulation sont synchronisés. Ils ont tous de le même couleur et changent tous en même temps. Au départ de l'avenu du Parc, normalement je me rends au moins à St-Denis sur la même lumière.

Ce soir là, il n'y a personne et le taxi sur St-Laurent passe sur sa rouge alors que je roulais sans souci. Je tente de l'éviter et je touche à son aile arrière. Le scooter s'arrête. Mais mon pianiste a appris à voler, attaché à sa mallette pleine de papiers. L'inertie le fait passer par dessus moi, le taxi et il atterit dans la rue, en tenant toujours sa précieuse mallette.

Quant à moi, je fais une roulade apprise lors de mes jours d'instructeur de trampoline. Et je m'arrête à genoux sur le bord du trottoir. C'est le premier déclencheur de mes problèmes de genou.

Sauf pour le scooter, il n'y a aucun blessé.

Le scooter a été réparé. Et au printemps suivant, je l'ai vendu. 150 $. C'était le prix pour un scooter en état de marche.

13 sept. 2010

J'ai une manie

Voilà, je j'avoue après tout ce temps, j'ai une manie.

Elle me vient de ma grand-mère. Elle étrait ma marraine et elle est devenue veuve alors que j'avais deux ans.

On s'aimait bien tous les deux. Comme elle demeurait près de chez moi, je m'y rendais souvent. En fait, je pense avoir plus de souvenirs du temps passé chez ma grand-mère que ceux passés chez nous.

Ma grand-mère ne m'a déçu qu'une seule fois. Je lui avais demandé de me tricoter quelque chose, un chandail ou un foulard. Ele m'avait alors avoué qu'elle ne savait pas tricoter. Déception. Une grand-mère qui ne tricote pas, est-ce possible?

Le matin, elle me préparait des roties, Avec du beurre à la canelle. Ou des confitures qu'elle avait faites elle-même. Ou du caramel. Peu importe, c'était bon.

Et elle coupait toujours les roties en quatre doigts, le plus égaux possibles.

Encore aujourd'hui, je coupe toujours mes roties en quatre doigts.

C'est ma manie, je l'avoue.  Merci grand-maman.

8 sept. 2010

On joue au cowboy

J'ai 8 ou 9 ans. Mon frère en a deux de plus. Avec les amis on joue au cowboy. Avec des carabines à air avec des plombs.

Les maisons ont deux ou trois étages. Sur les balcons en arrière, on voit les autres maisons à travers notre cour et leurs cours.

On peut ainsi se tirer d'assez loin, cachés derrière les balustrades.  On monte, on descend, on change de position, on reçoit des "balles", on est blessé, on est mort. On joue.

Puis, mon frère s'approche en cachette. Ma carabine est prête. Je suis en embuscade. Il se montre. Je tire. Le plomb lui atteint le coin de l'oeil. Il n'a rien, sauf un oeil rouge, très rouge.

Je laisse ma carabine, je courre vers la maison et j'entre dans ma chambre. Mon frère vient m'y rejoindre.  Pas pour me battre mais pour me dire que tout va bien.

On l'a échappé belle. Ma mère n'en a jamais rien su.

Je n'ai jamais touché à une arme depuis. Trop dangeureux.

Et j'ai toujours apprécié la réplique de "La guerre des tuques" : "La guerre, la guerre, c'est pas une raison pour se faire mal"

7 sept. 2010

La vengeance !

 Février 1977.  On revient à Montréal après avoir habité Québec un peu plus de deux ans.

 Comme je paie moi-même mon déménagement, je magasine pour un déménageur et je trouve une entreprise fiable et de bonne réputation. Du moins, selon tout ce qu'on pouvait en apprendre sans internet ( on est en 1977  après tout ).

 Le jour du déménagement, un lundi, malgré l'évaluation faite et ma demande, le camion est trop petit et je refuse. On revient une heure plus tard avec une longue remorque. Qui s'avéra un peu juste, la table à pique-nique a été attachée aux portes arrière avec des cordages que je leur ai fournis.

 Finalement, à 20:00 le soir, on part et le camion doit arriver à Brossard le lendemain vers midi. Il fait tempête et je conduis le petit camion Toyota de mon frère qui contient des objets spéciaux, comme des plantes, etc.

 Le lendemain, pas de camion. Le téléphone est installé en après-midi ( le cellulaire n'est pas encore inventé ) et j'appelle le déménageur.  Il a eu un problème et le camion était enlisé dans la glace.

 Au moment du départ, on a utilisé des "traction aid" et un morceau a été projeté dans le réservoir à essence. On a du dételer la remorque, remorquer le tracteur et le faire réparer. Départ prévu le lendemain.

 Finalement, le camion se met en route le jeudi après-midi et se pointe à la maison vers 19:30. Je leur demande de venir le vider le lendemain matin.

 Vendredi matin, le camion arrive et je dois quitter pour le travail. Je reviendrai en après-midi.

 Quand je reviens, le camion est vide et il n'y a presque rien d'endommagé. Même la laveuse qui a passé trois jours au froid n'a pas subi de dommages.

 Le camionneur me demande de le payer, ce qu'il aurait du faire avant de vider le camion. Je luis fais un chèque avec un rabais de 30 % pour les délais. Il n'accepte pas et veut remballer. Je lui dis que s'il touche à un seul objet, la police sera avisée et il sera accusé de vol.

 Il appelle son patron et j'écoute la conversation sur un deuxième appareil. Le patron me traite de tous les noms et je m'immisce dans la conversation pour lui expliquer le pourquoi du rabais. Il finit par accepter mon paiement et je lui dis alors de se rappeler de mon nom. La vengeance se prépare.

 Quelques semaines plus tard, un ami me dit qu'il est transféré et qu'il sera bientôt dans mon voisinage. Et j'élabore le plan.

 Il appelle la compagnie, dit qu'il est occupé et  qu'il doit quitter rapidement, dans quelques jours. Il leur demande un camion pour un jour précis, à 10:30 ( il doit venir de Montréal le matin même ).

 Le jour dit, alors que son déménageur est déjà là depuis quelques heures, le mien se présente avec son équipe et son camion. Mon ami  lui dit qu'il n'a pas besoin de lui et lui demande de se souvenir de moi. La discussion n'a pas eu lieu. Il est reparti, en pensant qu'il n'est pas bon de "crosser" l'homme paisible que je suis.

 Tout ce qui m'a manqué dans cette vengeance, c'est que je n'y étais pas pour voir la tête du déménageur. Mais l'imagination fait bien les choses et je me délecte encore de ce moment de vengeance.

1 sept. 2010

Dormir à vélo

Beaucoup de gens font du vélo, mais la plupart ne savent pas qu'on peut allonger nos heures sur la petite reine en dormant sur le vélo.

Mon fils a participé à la randonnée Boston-Montréal-Boston, 1200 km non-stop. On quitte le jeudi matin et on doit compléter le parcours le dimanche après-midi. On peut se défoncer à vélo, et prendre des pauses. On peut aussi rouler en continu et espérer ne pas défaillir. Ou rouler et faire des bouts en someillant.

Il est préférable de le faire la nuit, sur des petites routes non passantes. On roule sur la ligne du centre et on maintien une cadence instinctive. Et le corps se met à someiller. Si on perçoit un voiture ( plutôt un gros camion à ces heures ), on peut s'éveiller et se tasser pour reprendre plus loin.


Pourquoi au centre de la route?  Si on se réveille brusquement, il y a de la place pour se redresser. Si on se tient au coté de la route, il y a une chance sur deux de se retrouver dans le fossé. À ne pas faire en milieu de nuit.

Maintenant que vous connaissez la technique, pratiquez-vous. Vous pourrez ainsi pratiquer le vélo de nuit.


Cette technique s'applique au sommeil "conscient". Il m'est arrivé de m'endormir, en plein jour, emporté par la beauté d'un paysage. Et les conséquences peuvent être facheuses.

1997. Je suis en Provence et les paysages sont fantastiques. C'est un pur bonheur. Les petites routes sinueuses nous amènent vers le sommet d'une petite montagne. C'est tellement beau qu'on perd ses esprits. À mon habitude, je roule à la droite de la chaussée, près de la bordure. Il y a un peur de verdure sur le coté.

Émerveillé par le paysage, je suis dans ma bulle et hop, je me retrouve dans le caniveau qui au haut de la montagne était directement juxtaposé à la route. Et le caniveau est un couloir de briques, environ 1 mêtre de profond. Méchant saut. Et ma jambe frôle ce mur de brique. Mon cuissard se déchire, mon guidon se déplace. Aucun autre dommage sur le vélo. Une cuisse ensanglantée, un cuissard foutu.

Petit nettoyage, ajustement du vélo et, à l'arrivée, session de piscine chlorée pour apaiser la douleur.

Disons que depuis ce temps, quand je ne connais pas la route, je ne roule plus sur le fil de la route.

J'ai aussi un ami, D, qui a déjà eu au moins deux épisodes de sommeil à vélo. Il roule et puis s'endort. Et il se plante. Habituellement sans conséquences, mais quelques égratignures, tant sur son orps que sur son vélo.

La morale est que si on veut dormir à vélo, on peut le faire si on y est bien entrainé. Comme on le dit à la télé, "Ne tentez pas cette manouevre chez vous. C'est dangeureux. Laisser cette pratique à des professionnels"