29 juil. 2010

Reçu d'Halifax

1972

Je travaille comme directeur d'un groupe de développement informatique pour une société de Montréal. Nous étions spécialistes dans les systèmes de gestion pour les écoles et collèges.

Alors que tous les grands systèmes étaient habituellement traités sur des ordinateurs IBM, notre société utilisait un ordinateur scientifique de marque CDC. L'université d'Halifax utilisait le même genre d'ordinateur.  Peu de système de gestion étaient disponibles sur cette plateforme et nous avons eu un contrat pour développer le système administratif de l'université Dalhousie à Halifax.

Le projet de développement et d'implantation a duré près de 18 mois et il s'est terminé en septembre 1972, pendant la série du siècle au hockey, Canada-Russie, que nous avons vue de notre appartement à Halifax.

Durant le développement, je me rendais à Halifax de 3 à 4 fois par mois, juste pour la journée. Le premier avion partait à 07:00 le matin, arrivée à 10:00 à Halifax, 30 minutes de voiture vers le centre-ville, rencontres au bureau, à l'université, retour au bureau et enfin retour à l'aéroport, vol vers 19:30, retour à la maison à 11:00. Longue journée.

Notre société ne roulait pas sur l'or et le comptable a serré la vis sur les comptes de dépenses. Il fallait des reçus, acceptables selon les normes, pour toutes les dépenses. Aucun problème, sauf...

À Halifax, il n'y a pas de parking hors rue. Et sur la rue, il y a des parcomètres partout. À la fin de la journée, avec la voiture de location, on a mis près de 2 $  de monnaie dans les parcomètres (on est en 1972).

Je remets une note de frais et on n'accepte pas le 1,75 $ pour le parking sur rue. La guérilla commence.

Lors de ma prochaine visite, je ne mets pas d'argent dans les parcomètres et en remettant la voiture, je demande ce qui arrivera des contraventions. On me les fera parvenir par la poste quand ils les recevront. Parfait!

Quelques semaines plus tard, je suis convoqué au bureau du comptable. Il vient de recevoir des contraventions pour une centaine de dollars ( environ 15 $ par infraction ( on est en 1972 !! )). Il n'est pas content. Jamais content.

Je lui dis de m'accompagner chez le président de la société. C'est un homme sensé que je respecte et qui me respecte.

J'explique que son comptable veut des reçus et que sans reçu, il ne paie pas. Mais il n'aime pas les reçus de parking que je lui ai fourni. Il faudrait qu'il se branche.

Une engueulade s'en est suivi et je ne fus pas celui qui s'est fait sermonner.

Par la suite, on m'a remboursé les frais de parcomètres, sans reçu.

28 juil. 2010

Vagabondage à New York

1960

J'ai seize ans, mon frère Pierre en a dix huit. Il est dans l'armée américaine.  Nous sommes à New York avec ma mère et ma tante.  Elles sont logées dans un hôtel mais on n'a pas d'argent pour une chambre.

Alors, on se promène dans New York et vers 2 heures du matin, on se rend à Grand Central Station, la principale et immense gare de la ville.

On se trouve un banc dans un coin tranquile et on s'étend pour y dormir.

Vers 5:30 du matin, on se fait réveiller par un policier qui nous accuse de vagabondage.  Il demande nos papiers.  On est en 1960. On n'a pas besoin de papiers pour aller aus États-Unis.  Tout ce que j'ai, c'est ma carte d'étudiant du Collège Notre-Dame. Écrite en français.

Et mon frère est en habit de l'armée américaine.  Le policier est intrigué.  Un jeune canadien avec un soldat américain à peine plus vieux !.

Il nous dit de l'attendre, il va aller au poste téléphonique pour demander quoi faire.  Dès qu'il a le dos tourné et qu'il s'est éloigné de quelques pas, Pierre et moi on s'est regardé et on s'est mis à courir dans la direction opposée.

On s'est rendu à la chambre de ma mère et on a termiiné la nuit sur le tapis.

Ce jour là, on n'est pas retourné à Grand Central Station.

26 juil. 2010

Mes voitures

J'ai beau faire du vélo depuis 50 ans, j'ai toujours eu accès à une voiture. Enfant, mes parents avaient toujours une voiture. Mon père en a déjà vendu. Alors je tente ici une liste des voitures qui m'ont servi jusqu'à maintenant. ( Notez que les photos ne représentent pas les voitures citées, mais des modèles similaires )

Enfant, je me souviens de quelques voitures de mon père. Le plus loin que je me souvienne, c'est la Morris Minor. Très petite voiture, on avait frappé une vache au Vermont. L'auto et la vache ont été abimés.









Ensuite, je me souviens du Jeepster, sorte de Jeep agrandi, avec un toit en toile.










Puis, ce fut un Monarch convertible jaune. Sa particularité était les glaces assistées, avec mécanisme à l'huile plutôt qu'à l'électricité. J'ai failli me faire trancher le cou.















Puis, ce fut un Oldsmobile 1955. Mon père était sur la route et il a fait plus de 135 000 milles ( près de 200 000 km ) en deux ans, sans problèmes.





Et je me souviens de la voiture utilisée pour véhiculer Elizabeth II, un Cadillac Eldorado Brougham. Superbe voiture de luxe, couleur gris métalisé.


 Ensuite, des Chevrolet Biscayne 1960 et Bel-Air 1962.

J'ai eu mon permis et j'ai conduit les véhicules suivants:  un Oldsmobile 1963,  un Pontiac Laurentian station-wagon 1963,  et le Chevrolet Biscayne 1965 détruit dans mon gros accident relaté dans un autre texte.

Sans compter la Ford Anglia achetée usagée pour nous les enfants.

J'ai rencontré Denise qui avait sa voiture, une Valiant 1965, bleue, nommée Célestine. Nos voitures répondent à nos besoins: quatre roues, un volant et comportement routier correct, sans plus. On n'achète pas une voiture pour la voiture mais pour combler un simple besoin. Nos goûts ont été assez éclectiques.



Comme j'avais un travail à Expo 67, nous nous sommes acheté une Firebird Sprint 1967.





Puis, avec un enfant, on a pris plus grand, un Duster 1970.








Suivi d'une Fiat 128.






Comme elle rouillait assez rapidement, on a changé pour une Pinto station wagon 1973 qui a connu de nombreux aller-retour Québec-Montréal.





Ensuite, la grosse américaine, une Pontiac Laurentian 1977.







Et le K-Car, Plymouth Reliant 1980, station-wagon.









1983, une des premières Camry 5 portes.






Une Renault Encore 1985 est venue s'ajouter à notre garage.









La première Camry a été échangée pour une autre Camry, 1987 station wagon.





La Renault a été échangée pour une Hyundai Excel 1991.





Et la Camry a été remplacée par une mini van, une Dodge Caravan 1995 à empattement court. Fini les vélos à la pluie !!





La Caravan a été agrandie avec une Grand Caravan 1997, à empattement long.





Pour préparer la traversée du Canada à vélo, la Grand Caravan a été remplacée par une Honda Odyssée, dont la troisième banquette se cache dans le plancher. Très pratique pour les bagages.


En 2002, je prends possession de la première Mini Cooper livrée à Montréal.






Fin 2005, la Mini est peu pratique avec les petits enfants et les vélos, Elle est remplacée par une Mazda 5 2006 et l'Odyssey sera vendue en 2008.  J'ai encore la Mazda 5 et on verra la suite dans quelques années.

24 juil. 2010

Le jalonneur chante l'opéra

Lors d'un de mes emplois d'été, j'ai travaillé en arpentage à Laval. On prenait des relèvements pour préparer de nouvelles rues. En arpentage, on mesure des angles et des élévations sur un point à l'aide d'un jalon, tenu par le jalonneur. Toute la journée, on mesure, on note, on marche.

Mon jalonneur attitré n'était pas le plus brillant. Il était parfait pour le travail: pose je jalon, maintien le à la verticale, attend le signal pour te déplacer au prochain point. Pas de conversation intéressante à tenir.

Mais, il chantait continuellement de l'opéra. Des airs connus et d'autres. Sa mère aimait l'opéra et il avait tout écouté et surtout, tout retenu.

Il faisait un excellent  remplacement pour le baladeur numérique qui n'était pas encore inventé

21 juil. 2010

Pluie et biscuits

départ typique le matin
corde à linge improvisée
1992

Fin août, nous sommes quatre en voyage à vélo en Hollande. Nous n'avons aucune réservation et chaque jour on se rend au VVV, sorte de bureau touristique local, qui nous trouve une chambre, habituellement dans une maison privée. Un jour il a même fallu 3 maisons pour nous loger tellement les chambres étaient petites.

Ce jour là, il a pleut, vente ( normal en Hollande ), et il fait froid. On trouve une chambre, en fait le grenier d'une maison assez bien. La dame qui nous reçoit nous invite à retirer nos souliers de vélo pour ne pas abîmer les planchers.


On monte au grenier et on installe nos sacs trempés. On déballe tout pour faire sécher. On note que nos billets d'avion trempés ne contiennent plus aucune information. Petite panique. Finalement, on se dit qu'on verra à ce léger problème plus tard.

On se douche, on se change.  La dame monte avec un plateau de biscuits chauds et du thé. Un vrai bonheur après une telle journée. C'est ce genre de rencontres qui rend si agréable les voyages à vélo.


Tous les coins sont utilisés dans le grenier
déballage et séchage




Son four étant chaud, elle y a mis nos chaussures à sécher. Un  autre petit bonheur.

Le lendemain, on est reparti sec vers un autre VVV.

P.S. Le billet redevenu sec est redevenu lisible. On a donc pu revenir. Autrement on y serait encore !!!!

15 juil. 2010

Le réveil brutal de Jean Garon

1976.

J'habite en banlieue de Québec, sur la rive-sud, à St-Rédempteur-de-Lévis. Ce village est en pleine croissance et l'école primaire est trop petite. On parle d'envoyer les enfants, par autobus, à Ste-Foy. Ils auront à traverser le pont Pierre-Laporte à chaque jour.

Il y a une élection de prévue le 15 novembre 1976. L'enjeu local est l'agrandissement de l'école. Le député sortant, Chagnon, ne veut pas. Le candidat péquiste, Jean Garon, est pour. Il gagne les élections du 15 novembre. Le PQ prend le pouvoir.

À 7:30, le matin du 16 novembre, je téléphone à Jean Garon, nouveau député. Son nom est dans le bottin, à St-Romuald. Je réveille la maisonnée après qu'ils aient fait la fête une partie de la nuit.

J'explique à M. Garon que je veux qu'il s'occupe dès maintenant du problème de l'école. Il me propose de me rappeler plus tard dans la journée, au bureau. Je me dis qu'il ne le fera pas et j'accepte quand même.

Je travaille au Chantiers Davie, là où la majorité du personnel de direction est anglophone. Je suis responsable de l'informatique et je suis un des plus haut placé francophone.

À 9:30, Mme Boucher, ma secrétaire, vient me voir et dit que j'ai un appel d'un M. Garon. "Le nouveau député" ?  ... "Le péquiste" ?  "Vous le connaissez" ? Mais bien sûr que je lui dis.

Je parle à M. Garon et lui demande de régler immédiatement le dossier de l'école. Il me dit que techniquement il n'est pas encore député. Il faut attendre les recomptages possibles, les éléments légaux, etc.

J'explique alors à M. Garon la stratégie à suivre: Il appelle au ministère de l'Éducation, il se nomme, prend note du nom de son correspondant et lui indique que, si techniquement il n'est pas encore député, il le sera dans quelques jours et qu'il se souviendra de son nom quand il le rappellera officiellement.

Il lui demande d'entreprendre les démarches pour stopper le projet d'autobus et enclencher le projet d'agrandissement.

M. Garon me dit qu'il a compris et qu'il le fera. Il a tenu parole, et quelques jours plus tard, on a installé des locaux temporaires pour agrandir l'école et l'agrandissement fut commencé l'été plus tard.

Je ne l'ai jamais vu, car quelques jours plus tard j'acceptais un nouveau travail  et le 13 décembre je commençais à travailler à Montréal.

1985.

Avec la famille, je suite en visite à Paris. Le 24 juin, on se rend à la maison du Québec, rue de la Pergolèse. On y apprend que René Lévesque vient de démissionner et qu'il ne sera pas de la fête. À sa place, Jean Garon représente le gouvernement.

Je le rencontre, lui présente ma fille et lui relate l'épisode du 16 novembre 1976. Il s'en souvenait très bien et il me dit que ce fur un réveil brutal, une belle entrée en matière pour sa carrière politique.

13 juil. 2010

Mes emplois d'été

Je suis maintenant à l'âge de la retraite. Avant d'occuper un emploi permanent,
j'ai eu plusieurs emplois d'été ou "de temps libre".

Le premier dont je me souvienne n'était pas rémunéré mais je m'en souviens encore. J'avais 3 ou 4 ans. Mon grand-père est maître de poste à Sorel et mon père y travaille aussi. Lorsque ma mère va faire des courses, elle me laisse au bureau de poste et toutes les employées prennent soin de moi. On me donne un marteau-tampon et j'oblitère les timbres. Un premier travail.

À 6 ou 7 ans, les vendredis et samedis je me rends au marché avec ma voiturette et pour quelques sous je rapporte les sacs pour ceux qui le veulent. Plus tard, l'épicerie du coin me demande de faire les livraisons de dépannage. Jamais chez ma tante car elle envoie son chien "Carlo" chercher le sac ou le journal dans sa gueule. Maudit "scab".

Un ou deux étés, j'ai fait les foins pour notre voisin fermier à St-Antoine-sur-Richelieu. Encore là, on n'était pas payé, mais on pouvait conduire le tracteur.

Mon premier travail payant a été à l'été 1959. Je passais l'été à St-Antoine et le propriétaire du chalet travaillait pour le ministère de la voirie. Il engageait des étudiants pour peindre les poteaux blancs le long de la route. Il m'a engagé.

Comme j'étais pistonné, j'ai eu le meilleur travail, nettoyer après ceux qui décapaient et avant ceux qui peinturaient. 75 cents l'heure, travail de 8 heures mais payé pour 12 heures pour tenir compte du déplacement pour se rendre et revenir. Et mon patron m'amenait avec sa voiture de fonction.

Après une semaine, on m'augmente à 80 cents de l'heure et je deviens cantonnier. On pave la route devant mon chalet et je dois signer les bons de livraison des camions qui apportent le matériel. 5 camions à l'heure. Beaucoup de temps pour lire et pour me baigner dans la rivière.

Je me souviens qu'avec l'argent gagné par ce travail, je me suis acheté un appareil-photo 35 mm et un projecteur pour diapositives.

J'ai été l'espace d'une demi-journée, emballeur dans une épicerie. Ça n'était vraiment pas pour moi, même aujourd'hui.

Durant deux ou trois étés, je demeurais à Outremont et je travaillais pour la Ville: coupe de gazon, lavage des voitures de police, pose de tourbe, journalier sur les travaux de voirie.

Un autre été, au coin de Rosemont et Pie-IX, j'ai été moniteur de trampoline. ( oui, moi !!! )

Avec mon frère à Ste-Agathe, j'ai été laitier. La plupart de nos clients étaient les Juifs du Lac à la Truite et on ne passait jamais le samedi.

J'ai appris à manipuler les caisses de lait en les faisant glisser. Ce qui fut très pratique l'année suivante quand je me suis retrouvé livreur de Canada Dry à Montréal.

Avant les "liqueurs", le même été, j'ai été livreur de pain POM. Mais le départ à 04:00 le matin et le retour vers 18:00 le soir m'ont fait changer de carrière après deux semaines.

J'ai été musicien dans un hôtel de St-Donat. Tout un été, 6 soirs par semaine. Je jouais de la contrebasse dans un quatuor. On a eu beaucoup de "fun".

J'ai eu des étés très spécialisés: pose d'équipement de gymnase, idéal pour un étudiant car on finit de bâtir les écoles pendant l'été. Aussi, pose de tableaux, principalement en ardoise, dans les écoles. Encore un vrai travail d'été  très spécialisé.

J'ai travaillé quelques étés dans une fabrique de fenêtres industrielles en aluminium. Les mêmes ont été  installées quelques années avant au Reine-Elizabeth et à l'hôpital Ste-Justine.

J'ai fait de l'arpentage à Laval. J'ai travaillé comme placier au Labyrinthe à Expo67.

En 1969, j'ai été présentateur dans les foires commerciales ou agricoles autour du Québec pour Énergie Atomique du Canada. On présentait Gentilly 1.

En 1970, j'ai eu un travail d'été chez SMA, en informatique, pour confectionner les horaires d'étudiants dans les polyvalentes. Ce travail est ensuite devenu permanent pendant ma dernière année d'université et je l'ai poursuivi quelques années par la suite.

Il y en a sûrement d'autres que j'oublie. J'ai toujours aimé travailler dans différents domaines et l'argent servait à payer le cours classique, et ensuite, le frais afférents de Polytechnique. L'éducation, ce n'était pas plus gratuit dans le temps qu'aujourd'hui.

12 juil. 2010

Nostalgie récente

Aujourd'hui, on ne remontera pas trop loin dans ma mémoire. Juste à la fin de semaine dernière, 10 et 11 juillet 2010. C'était le Cyclo-Défi contre le cancer, Montréal - Québec à vélo. Dimanche, on a formé le "Train Bleu" pour entrer à Québec.



Rien d'autre à dire que merci. Merci aux donateurs. Notre équipe a fini 12 ème avec des dons de 69 333 $. Merci aux 26 membres de l'équipe qui ont roulé près de 280 km, la plupart dans un beau peloton de solidarité, à 30 km/hre.

Merci aussi aux "illégaux" qui ont fait des portions de parcours pour nous encourager. Surtout le dimanche alors qu'il a fait très chaud.  On a roulé dans "le salon" toute la journée, tirés par François, Harold, Gaétan et l'autre François ( lequel est lequel, trouvez qui ).

Bel accueil à l'arrivée de Trois-Rivières et à l'arrivée de Ste-Foy. Beaucoup d'émotions. On a tous pensé à Denise qui a perdu son combat contre le cancer.Et on a pensé à ceux et celles qui seront éventuellement guéris par les recherches qu'on pourra financer.



Il a fait très chaud dimanche, mais en groupe, c'était plus facile à supporter. Et il y avait toujours quelqu'un pour te passer un bidon d'eau fraiche entre les relais.  Belle et bonne fatigue à l'arrivée, mais rien de majeur. Parfait pour revenir en voiture au point de départ.

Montréal - Québec à vélo. On aurait pu le faire en voiture, ce qu'on a fait au retour. Il faut être un peu fou pour le faire à vélo, surtout avec une pareille chaleur. Mais c'est peu de souffrances par rapport à la chimiothérapie de Denise ou de sa radiothérapie.

On l'a fait en groupe pour Denise et pour la recherche. On l'a fait aussi pour nous, pour se dépasser et montrer qu'on est vivant et encore en forme malgré tout.

La vie est belle entouré d'amis qui partagent notre passion. On a bien roulé, bien ri, bien mangé, bien bu ( eau, bière, vin ). La vie est encore belle malgré tout.

Merci encore à vous tous qui m'avez accompagné dans mon projet. Il y en aura un autre, pour une autre cause, l'an prochain.

7 juil. 2010

J'aurais pu me tuer en voiture. Je me suis plutôt cassé la jambe

Février 1972. Un jeudi. Je suis en vacances durant la semaine mais j'ai du revenir à Montréal cette journée pour la préparation d'un congrès pour un organisme où je siège au conseil d'administration. Denise est à notre chalet (roulotte de 18 pi), à Ste-Agathe.

La tempête se lève le jeudi midi. C'est une belle bordée qui tombe. Il y aura plus de 18 pouces ( 45 cm ) en moins de 12 heures. Ça tombe sans arrêt.

Ma soeur me demande un lift pour revenir à Ste-Agathe. Elle est avec une amie du CEGEP. Et mon frère me rejoint et me demande de ramener un copain français en séjour de ski ici. Il doit ramener sa copine venue le visiter pour 2 semaines.

On sera 5 dans ma Fiat 128, avec un peu de bagages. Ce sera tassé mais faisable. On quitte Montréal vers 17:00, cinq dans la voiture. Ma soeur est à l'avant et les trois autres entassés sur le siège arrière.



L'autoroute des Laurentides est impraticable alors on monte par la 117: Laval, Ste-Thérèse, Blainville, St-Jérôme, etc.

Passé St-Sauveur, on monte la première bonne côte, celle qui monte vers le Mont-Gabriel. La Fiat 128 est une traction avant et n'a pas de pneus à neige, mais de bons pneus radiaux.

On est assez chargé que la voiture "colle" à la route. La montée est pénible car il y a beaucoup de neige et la voiture a tendance à flotter sur la neige et on perd un peu de traction en montant, le poids se déplaçant vers l'arrière et la traction diminue.

À cet endroit, la route comporte deux voies de chaque coté, divisés par un terre-plein, qui est à cette période de l'année un banc de neige.

Après le haut de la côte, la route tourne vers la droite et elle descend. On augmente la vitesse. À environ 200 mètres, il y a l'entrée pour le motel Le Totem. Et une voiture est sortie de leur entrée et bloque complètement la route, arrêtée par la neige trop profonde.

Je dois prendre une décision. Si je tente de freiner, je ne sais pas si j'arrêterai à temps. Si je passe à droite, je me retrouve sur le terrain du Totem et il y a d'autres voitures. C'est l'accident assuré. On passera donc par la gauche, en franchissant le banc de neige du terre-plein.

La voiture franchit le banc de neige et on se retrouve dans les deux autres voies, face au trafic, inexistant à ce moment. Mais il y a des lumières au loin. Si je m'arrête, il faudra repartir en remontant. Pas sûr que c'est faisable. Décision éclair. On refranchit le banc de neige pour reprendre notre voie.

Je demande à ma soeur de surveiller la jauge de température. Je crains que le devant de la voiture ne soit "paqueté" de neige et que le moteur surchauffe par manque d'aération.  Quelques kilomètres plus loin, tout va bien et on continue lentement vers Ste-Agathe.

Personne ne dit mot dans la voiture.

On arrive à Ste-Agathe vers 21:00, je dépose les Français et je reviens à la maison. Pour y entrer, je décide de franchir le banc de neige qui bloque l'entrée plutôt que de pelleter et j'y arrive. Bonne nuit tout le monde, on se voit demain.

Le lendemain, beau soleil, beaucoup de neige fraiche, on part en ski au Mont Ste-Agathe.  Skier dans 18 pouces de poudreuse, c'est pas fréquent. Et ce n'est pas facile pour nous, habitués à skier sur des pistes bien roulées.

Le Mont Ste-Agathe est un versant Nord. Après 14:30, il n'y a plus de soleil et les pistes deviennent sombres. Vers 15:00, ma dernière descente planifiée, sans soleil, je ne vois pas un trou et CRAC, je tombe et me casse la jambe gauche.

Comme il y a beaucoup de neige, les civières montées sur ski ne sont pas les plus appropriées pour me ramener au bas de la piste. On doit se mettre à 6 pour faire glisser la civière jusqu'en bas.

Et, à cause de la tempête, il n'y a pas d'ambulance de disponible pour le petit cas de jambe cassée. Mon frère à une "station wagon" équipé de chaines et il m'amène à l'hôpital. L'infirmière qui me reçoit me dit: "Je crois que tu ne pourras pas me donner mon cours demain". Elle faisait partie de mon groupe du samedi, car j'étais moniteur de ski les fins de semaine

L'infirmière-chef de l'urgence est une amie et le médecin est mon copain de ski. Ils me font un beau grand plâtre et je retourne à la maison.

Mes amis français viennent me visiter et on me dit: "Dire que ça aurait pu tous nous arriver hier". Ils avaient eu la "chienne" mais n'avaient pas osé le dire.

À partir de ce moment, j'ai considéré que ma Fiat 128 valait bien un Ski-Doo. Si elle n'avait pas rouillé prématurément, je l'aurais gardé plus longtemps.

6 juil. 2010

6 juillet 1970, 108 degrés Fahrenheit , 42 C

Au milieu de la nuit, les contractions sont de plus en plus fréquentes. Denise est sur le point d’accoucher. On habite à quelques rues de l’hôpital et on s’y rend rapidement. À cette époque, il n’y a pas d’assurance-maladie. Je suis étudiant et Denise ne travaille plus. Elle travaillait comme infirmière en psychiatrie à l’hôpital où nous nous rendons.

Notre médecin, Dr Trudeau est un collègue de travail de Denise et il nous a fait un « prix » pour l’accouchement parce que je suis étudiant et que nous sommes deux skieurs, sa passion. D’ailleurs, durant la grossesse de Denise, elle enseignait le ski, avec sa grosse bedaine. Le Dr
Trudeau disait : « ma fille, enfanter n’est pas une maladie. Dans le temps, les femmes partaient aux champs le matin et revenaient avec un enfant de plus en fin de journée. »

On est donc à l’hôpital et après avoir travaillé quelques heures, le bébé n’arrive toujours pas et le médecin propose un césarienne. Denise veut accoucher « naturellement ». Alors, le médecin lui dit que s’il ne fait pas la césarienne maintenant, il ne sera plus disponible pour le reste de la journée. Denise prend la décision d’essayer quand même.

Cette journée là, il a fait 108 F, i.e 42C. Ce n’est pas fréquent. Et les hôpitaux ne sont pas climatisés. Et toute la journée, les contractions, le bébé qui ne vient pas et le médecin qui n’est pas disponible.

À 7 heures ( 19 :00 ), le médecin se pointe et Denise accepte la césarienne. 20 minutes plus tard, une belle fille est née et ce fut un réel bonheur.

Et note vie prenait un tournant, pas « platte » du tout.

Bonne fête ma grande !!!

4 juil. 2010

Quand la vie s'arrête

Nicole est décédée le 23 juin dernier, dans le crash d'un avion à Québec. Elle laisse un mari et trois enfants. Je l'avais rencontré une seule fois, mais je connais son frère et la soeur de son mari. Le monde est petit.

Et sa mort dans un crash d'avion m'a ramené le souvenir de la fois où je l'ai moi-même frôlé dans des circonstances similaires.

Avant de raconter, j'offre toutes mes sympathies à l'entourage de Nicole qui eux continuent à vivre, sans sa présence. Elle n'est pas hors de votre pensée, seulement hors de votre vue. Elle n'est pas loin, juste de l'autre coté du chemin ( Inspiré de Charles Péguy ).

Le jeudi 29 mars 1979, j'habite Brossard mais j'ai un contrat à Québec. Tous les jeudis, je joue dans un ensemble de la flûte à bec ( ténor ) à 20:00. Normalement, je reviens en train et j'arrive à la gare de St-Lambert vers 19:40, juste à temps pour me rendre à la réunion.

Mais ce jour là, le sous-ministre décide de tenir une réunion spéciale sur un nouveau projet de loi. Et je risque de manquer mon train, donc ma session de musique. Avec le travail que je fais, cette soupape m'est nécessaire pour décrocher.

Je dis au sous-ministre que s'il me garde trop tard, je retourne en avion, à ses frais, pour arriver à temps à mon rendez-vous. Sa secrétaire vérifie, il reste de la place et si je pars trop tard, elle va compléter la réservation.

Finalement, tout se déroule promptement et on me conduit au départ du train à Ste-Foy, quelques minutes avant le départ du train.

En descendant du train, dans la voiture, j'entends parler du crash du F27 de Quebecair. Il y a des survivants.

Et je réalise que c'était l'avion que j'aurais pu prendre. Je suis arrivé à temps à notre rencontre musicale. Mais j'étais trop nerveux pour jouer une seule note. J'étais dans un état second. J'aurais pu y être. Aurais-je été un des survivants?

Depuis, j'ai repris l'avion à maintes reprises. Je me dis que ce sont les avions que je ne prends pas qui ont des problèmes. Jamais les miens !!!

Encore une fois, bon voyage Nicole. Peut-être que dans votre monde parallèle, Denise et toi allez vous revoir.

3 juil. 2010

Je n'ai pas vu Expo 67, j'y ai travaillé.

Comme je l'ai dit dans un autre billet, lors de l'Expo 67 j'ai travaillé au Labyrinthe. J'y ai travaillé dans le sens d'accomplir ce qui nous était demandé. Mais on s'y est beaucoup amusé.

D'abord, avec l'administration totalement désorganisée. Quand on travaillait dehors, nous étions des animateurs de foule. On organisait les gens dans la file, leur répétant sans cesse que si quelqu'un s'y introduisait, ça pouvait vouloir dire 20 minutes d'attente supplémentaire ou, dans le pire des cas, l'impossibilité d'entrer voir le spectacle avant la fermeture. Disons que le monde devenait vigilant.


À l'occasion, on a même fait marcher la file autour du pavillon pour les faire bouger un peu, l'attente étant d plus de 6 heures.  On les a fait chanter ( Alouette, à la fois en français et en anglais ).  On peut faire beaucoup de choses avec une foule captive.

À l'extérieur, on gérait l'arrivée des VIP par la porte principale. Les Russes arrivant dans leurs grosses voitures noires. Ils étaient parfois 10 ou douze entassés dans la voiture. Et les "journalistes" essayant de faire entrer leur famille élargie ( 10 cousins, amis, etc. ). Là on s'amusait à les empêcher d'entrer.

Quand on travaillait à l'intérieur, rarement dans mon cas, les spectacles suivaient un protocole strict, qui recommençait à toutes les 20 minutes. Première représentation à 10:00 le matin et dernière à 22:00 le soir.

On accompagnait un groupe du début à la fin, à travers différentes salles. Ensuite, après une pause, parfois le lunch, on reprenait.  Comme on ne pouvait quitter en milieu de représentation, une journée de travail pouvait n'être que 3 représentation, une autre 5. On a alors négocié.

Nous avons demandé, que peu importe le nombre de représentation, on devait être payé pour 8 heures. On a gagné. Il devenait alors possible de travailler du matin 10:00 ( en fait, le travail commençait à 09:00 ) et travailler deux quarts de travail, terminer à 22:30 et être payé pour 16 heures.

Sans compter la prime 1.5 ou 2 fois pour les congés. Ce fut un été payant.

J'étais un des seuls étudiants mariés dans le groupe. Et tout le monde aimait Denise. Certains qui venaient de l'extérieur de Montréal vivaient en chambre pour l'été. Ils ont convaincus Denise de faire plus de lunch pour eux. Le matin j'arrivais avec 3 ou 4 sacs de lunch pour les amis.

Denise travaillait comme infirmière et elle avait congé certains jours où je n'en avais pas.  Alors elle venait à l'Expo et elle a tout visité sans attendre. Elle coupait les files, allait comme VIP et si on insistait, elle donnait une passe permettant d'entrer au Labyrinthe sans attendre. C'était de l'or car au Labyrinthe, il fallait attendre de 4 à 10 heures pour entrer. Elle a pu tout voir, sans jamais attendre.

Quant à moi, je n'ai vu que les principales attractions, pavillon russe, Lanterna Magika, le pavillon Bell avec cinéma circulaire, le mini-rail, etc.

Et quelques fois, nous avons participé à quelques "partys" à Habitat 67. Les copains qui y travaillaient organisaient occasionnellement des rencontres non-officielles dans une unité libre. Beaux "partys" bien arrosés. Et, le père d'une amie avait loué une unité pour ses clients. Quand c'était libre, on y allait. Il n'y avait pas de Twitter dans le temps. Mais le bouche à oreille fonctionnait très bien.