15 juil. 2010

Le réveil brutal de Jean Garon

1976.

J'habite en banlieue de Québec, sur la rive-sud, à St-Rédempteur-de-Lévis. Ce village est en pleine croissance et l'école primaire est trop petite. On parle d'envoyer les enfants, par autobus, à Ste-Foy. Ils auront à traverser le pont Pierre-Laporte à chaque jour.

Il y a une élection de prévue le 15 novembre 1976. L'enjeu local est l'agrandissement de l'école. Le député sortant, Chagnon, ne veut pas. Le candidat péquiste, Jean Garon, est pour. Il gagne les élections du 15 novembre. Le PQ prend le pouvoir.

À 7:30, le matin du 16 novembre, je téléphone à Jean Garon, nouveau député. Son nom est dans le bottin, à St-Romuald. Je réveille la maisonnée après qu'ils aient fait la fête une partie de la nuit.

J'explique à M. Garon que je veux qu'il s'occupe dès maintenant du problème de l'école. Il me propose de me rappeler plus tard dans la journée, au bureau. Je me dis qu'il ne le fera pas et j'accepte quand même.

Je travaille au Chantiers Davie, là où la majorité du personnel de direction est anglophone. Je suis responsable de l'informatique et je suis un des plus haut placé francophone.

À 9:30, Mme Boucher, ma secrétaire, vient me voir et dit que j'ai un appel d'un M. Garon. "Le nouveau député" ?  ... "Le péquiste" ?  "Vous le connaissez" ? Mais bien sûr que je lui dis.

Je parle à M. Garon et lui demande de régler immédiatement le dossier de l'école. Il me dit que techniquement il n'est pas encore député. Il faut attendre les recomptages possibles, les éléments légaux, etc.

J'explique alors à M. Garon la stratégie à suivre: Il appelle au ministère de l'Éducation, il se nomme, prend note du nom de son correspondant et lui indique que, si techniquement il n'est pas encore député, il le sera dans quelques jours et qu'il se souviendra de son nom quand il le rappellera officiellement.

Il lui demande d'entreprendre les démarches pour stopper le projet d'autobus et enclencher le projet d'agrandissement.

M. Garon me dit qu'il a compris et qu'il le fera. Il a tenu parole, et quelques jours plus tard, on a installé des locaux temporaires pour agrandir l'école et l'agrandissement fut commencé l'été plus tard.

Je ne l'ai jamais vu, car quelques jours plus tard j'acceptais un nouveau travail  et le 13 décembre je commençais à travailler à Montréal.

1985.

Avec la famille, je suite en visite à Paris. Le 24 juin, on se rend à la maison du Québec, rue de la Pergolèse. On y apprend que René Lévesque vient de démissionner et qu'il ne sera pas de la fête. À sa place, Jean Garon représente le gouvernement.

Je le rencontre, lui présente ma fille et lui relate l'épisode du 16 novembre 1976. Il s'en souvenait très bien et il me dit que ce fur un réveil brutal, une belle entrée en matière pour sa carrière politique.

1 commentaire:

  1. C'est génial comme expérience de vie mais ça en dit long sur la compétence des fonctionnaires déjà en place qui, dans les faits, étaient payés pour s'assurer que des situations de cette nature soient réglées (au niveau administratif) dans le meilleur intérêt de la population.

    Merci d'avoir insisté pour que cette école soit actualisée, dès 1976.

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