7 juil. 2010

J'aurais pu me tuer en voiture. Je me suis plutôt cassé la jambe

Février 1972. Un jeudi. Je suis en vacances durant la semaine mais j'ai du revenir à Montréal cette journée pour la préparation d'un congrès pour un organisme où je siège au conseil d'administration. Denise est à notre chalet (roulotte de 18 pi), à Ste-Agathe.

La tempête se lève le jeudi midi. C'est une belle bordée qui tombe. Il y aura plus de 18 pouces ( 45 cm ) en moins de 12 heures. Ça tombe sans arrêt.

Ma soeur me demande un lift pour revenir à Ste-Agathe. Elle est avec une amie du CEGEP. Et mon frère me rejoint et me demande de ramener un copain français en séjour de ski ici. Il doit ramener sa copine venue le visiter pour 2 semaines.

On sera 5 dans ma Fiat 128, avec un peu de bagages. Ce sera tassé mais faisable. On quitte Montréal vers 17:00, cinq dans la voiture. Ma soeur est à l'avant et les trois autres entassés sur le siège arrière.



L'autoroute des Laurentides est impraticable alors on monte par la 117: Laval, Ste-Thérèse, Blainville, St-Jérôme, etc.

Passé St-Sauveur, on monte la première bonne côte, celle qui monte vers le Mont-Gabriel. La Fiat 128 est une traction avant et n'a pas de pneus à neige, mais de bons pneus radiaux.

On est assez chargé que la voiture "colle" à la route. La montée est pénible car il y a beaucoup de neige et la voiture a tendance à flotter sur la neige et on perd un peu de traction en montant, le poids se déplaçant vers l'arrière et la traction diminue.

À cet endroit, la route comporte deux voies de chaque coté, divisés par un terre-plein, qui est à cette période de l'année un banc de neige.

Après le haut de la côte, la route tourne vers la droite et elle descend. On augmente la vitesse. À environ 200 mètres, il y a l'entrée pour le motel Le Totem. Et une voiture est sortie de leur entrée et bloque complètement la route, arrêtée par la neige trop profonde.

Je dois prendre une décision. Si je tente de freiner, je ne sais pas si j'arrêterai à temps. Si je passe à droite, je me retrouve sur le terrain du Totem et il y a d'autres voitures. C'est l'accident assuré. On passera donc par la gauche, en franchissant le banc de neige du terre-plein.

La voiture franchit le banc de neige et on se retrouve dans les deux autres voies, face au trafic, inexistant à ce moment. Mais il y a des lumières au loin. Si je m'arrête, il faudra repartir en remontant. Pas sûr que c'est faisable. Décision éclair. On refranchit le banc de neige pour reprendre notre voie.

Je demande à ma soeur de surveiller la jauge de température. Je crains que le devant de la voiture ne soit "paqueté" de neige et que le moteur surchauffe par manque d'aération.  Quelques kilomètres plus loin, tout va bien et on continue lentement vers Ste-Agathe.

Personne ne dit mot dans la voiture.

On arrive à Ste-Agathe vers 21:00, je dépose les Français et je reviens à la maison. Pour y entrer, je décide de franchir le banc de neige qui bloque l'entrée plutôt que de pelleter et j'y arrive. Bonne nuit tout le monde, on se voit demain.

Le lendemain, beau soleil, beaucoup de neige fraiche, on part en ski au Mont Ste-Agathe.  Skier dans 18 pouces de poudreuse, c'est pas fréquent. Et ce n'est pas facile pour nous, habitués à skier sur des pistes bien roulées.

Le Mont Ste-Agathe est un versant Nord. Après 14:30, il n'y a plus de soleil et les pistes deviennent sombres. Vers 15:00, ma dernière descente planifiée, sans soleil, je ne vois pas un trou et CRAC, je tombe et me casse la jambe gauche.

Comme il y a beaucoup de neige, les civières montées sur ski ne sont pas les plus appropriées pour me ramener au bas de la piste. On doit se mettre à 6 pour faire glisser la civière jusqu'en bas.

Et, à cause de la tempête, il n'y a pas d'ambulance de disponible pour le petit cas de jambe cassée. Mon frère à une "station wagon" équipé de chaines et il m'amène à l'hôpital. L'infirmière qui me reçoit me dit: "Je crois que tu ne pourras pas me donner mon cours demain". Elle faisait partie de mon groupe du samedi, car j'étais moniteur de ski les fins de semaine

L'infirmière-chef de l'urgence est une amie et le médecin est mon copain de ski. Ils me font un beau grand plâtre et je retourne à la maison.

Mes amis français viennent me visiter et on me dit: "Dire que ça aurait pu tous nous arriver hier". Ils avaient eu la "chienne" mais n'avaient pas osé le dire.

À partir de ce moment, j'ai considéré que ma Fiat 128 valait bien un Ski-Doo. Si elle n'avait pas rouillé prématurément, je l'aurais gardé plus longtemps.

1 commentaire:

  1. Ouais, c'est peut-être une vie platte mais elle n'est pas banale en tout cas!!!!

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